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L'Afrique en général, et l'Éthiopie plus particulièrement, se trouvent au cœur de l'histoire de l'humanité1. Au cours de son histoire, la civilisation éthiopienne a été au carrefour des civilisations d'Afrique sub-saharienne et du Moyen-Orient. À partir du xixe siècle et tout au long de la période coloniale, l'histoire de l'Éthiopie se caractérise par l'indépendance que le pays a toujours su préserver. L'Éthiopie abrite les restes des plus anciens hominidés connus. Entre autres, Dinknesh (ድንቅ ነሽ), appelée généralement Lucy en anglais, âgée de 3,18 millions d'années, découverte en 1974 dans la vallée de l'Aouach (Awash) et aujourd'hui exposée au musée national d'Addis-Abeba, où l'a rejoint Ardipithecus kadabba, un hominidé de 5,2 à 5,8 millions d'années), découvert en Éthiopie en 2001 par Yohannes Hailé-Sélassié.
Aux origines de l’Éthiopie
Paléoanthropologie
Vallée du grand rift (pointillée) traversant l'Ethiopie et zone de la dépression de l'Afar (de forme triangulaire) au point de rencontre des plaques africaine, arabique et somalienne.
Depuis le début des fouilles entreprises dans le pays dans les années 60, l’Ethiopie témoigne d’un patrimoine paléontologique extrêmement riche qui génère encore de nos jours de nouvelles découvertes. L’Ethiopie, située sur la Vallée du grand rift , est ainsi avec le Tchad, où fut découvert Sahelanthropus tchadensis, alias Toumaï, vieux de 6 à 7 millions d’années, et le Kenya avec Orrorin tugenensis âgé de 6 millions d’années, l’un des pays où on retrouve les restent des plus anciens représentants de l’espèce humaine.
Le plus connu d’entre eux, Dinknesh, communément appelé Lucy, a été découverte le 30 novembre 1974 à Hadar sur les bords de la rivière Awash dans le cadre de l' International Afar Research Expedition, un projet regroupant une trentaine de chercheurs américains, français et éthiopiens. Daté de 3,2 millions d’années, Dinknesh appartient au genre Australopithecus afarensis, cousin du genre homo, il s’agit du premier fossile relativement complet qui ait été découvert pour une période aussi ancienne.
En février 2001, une équipe éthiopienne et américaine dirigée par les paléontologues Yohannes Hailé-Sélassié et Tim White annonce la découverte d’un hominidé âgé de 5,2 à 5,8 millions d'années. L'Ardipithecus kadabba (de l’Afar, ancêtre de base de la famille), considéré comme appartenant à la même espèce que Ardipithecus ramidus (de l’Afar Ardi, terre et ramid, racine).2. En janvier 2005, la revue ‘’Nature’’ présente la découverte de nouveaux représentants de l'espèce Ardipithecus Kadabba au Nord est de l'Ethiopie par l’équipe de Sileshi Semaw (Université de l'Indiana) 3,4
En février 2005, une équipe de paléontologues éthiopiens et américains, co-dirigée par Bruce Latimer, directeur du Musée d’Histoire naturelle de Cleveland (Etats-Unis) et par le spécialiste éthiopien Yohannes Hailé-Sélassié, découvre des restes fossilisés d’un squelette âgé de 3,8 à 4 millions d’années aux alentours de la localité de Mille, dans la région de Afar, dans le Nord-est de l’Ethiopie, qui pourrait être le plus vieil « bipède exclusif » jamais découvert.
En février 2008, l’Ethiopie fourni pour la première fois le fossile d’un ancêtre des grands singes africains. Agé de 10 millions d’années, Chororapithecus abyssinicus pourrait être un gorille primitif ou représenter une branche indépendante proche de celle des gorilles. La découverte a été réalisée dans la région de l’Afar par une équipe japonaise et éthiopienne. Gen Suwa (Université de Tokyo), Berhane Asfaw (Centre de recherche de la Vallée du Rift, Addis Abeba)5
L’une des découvertes les plus importantes est réalisée en juin 2003 par une équipe internationale dirigée par Tim White, F. Clark Howell (Berkeley, Californie), et Berhane Asfaw (Centre de recherche de la Vallée du Rift, Addis Abeba) : ceux-ci mettent à jour trois crânes considérés comme les plus anciens fossiles découverts jusqu’à ce jour, et les mieux préservés, du prédécesseur immédiat de l’homme moderne6. Le fossile est dénommé Homo sapiens idaltu (idaltu voulant dire "ancien" en langue Afar, région des fouilles). Daté de 154 000 ans, il constitue le plus vieux représentants de l'espèce Homo sapiens. La découverte est réalisée près du village de Herto, à 225 km au nord-est de la capitale éthiopienne Addis Abeba. Berhane Asfaw, chercheurs éthiopiens de l’équipe, indique alors « Avec l’Homo sapiens idaltu, vous avez maintenant en Ethiopie la séquence entière de l’évolution humaine »7, le journal American Scientist titre en décembre 2003 : « Nous sommes tous africains ».8.
Préhistoire [modifier]
industrie lithique [modifier]
C’est de l'Ethiopie que proviennent les plus anciens outils taillés connus à ce jour9: ils ont été découverts sur le site de Kada Gona, à Hadar (Éthiopie) dans des terrains datés de 2,3 à 2,6 millions d'années. Ces premiers outils sont des choppers, galets aménagés présentant un bord tranchant10
Biface obsidienne découverte près du Lac Langano, Ethiopie - Musée de Melka Kunture11
L'Oldowayen, caractérisé par une industrie lithique peu élaborée, laisse place à l’Acheuléen à partir d’environ 1,7 millions d’années. Celui-ci se caractérise par l'apparition de nouveaux outils, plus grands et plus élaborés, tels que les bifaces, les hachereaux ou les bolas. Ces nouvelles techniques apparaissent elles aussi pour la première fois en Afrique12. Parmi les sites de ces périodes on note ceux de Melka Kunture13 et de Gadeb.
Sur le site de Melka Kunture, qui offre l'un des plus anciennes attestation de l'Homo erectus sur le continent africain14, ont été retrouvés plusieurs milliers d'outils travaillés (grattoirs, rabots, pièces à encoches et outils denticulés). Des milliers d'obsidienne ont également été retrouvées sur ces sites: la dénomination des ces outils viendrait de Obsius, un personnage de la Rome antique qui signala le premier la présence de cette roche en Éthiopie15.
art rupestre [modifier]
Des découvertes archéologiques récentes montrent que les habitants de l'Ethiopie actuelle pratiquaient l'art rupestre vers 10,000 a. J.C.16. De nombreuses peintures ont été retrouvées dans les régions d'Harage, Gamu-Gofa, du Tigré et en Erythrée. Certaines d'entre elles montrent la traite des vaches, l'utilisation d'arcs et de flèches, de lances et de boucliers. Le bétail, les chèvres, lions et éléphants y sont très représentés. L'agriculture, via la culture du teff, des graines de nyjer (graines de niger) issu de Guizotia abyssinica et de la banane ensete (Edulis edule), sont cultivées avant 5000 av. J.C.. Les cultures de blé et d'orge, tout d'abord apparues en Asie mineure et en Iran, sont introduites vers 6000 av. JC.17. Des recherches menées près d'Axoum montrent que la labourage et la charrue étaient utilisés avant le début de l'ére chrétienne. Les pièces axoumites pré-chrétiennes représentent un épi de blé, accompagné du symbole pré-chrétien du Soleil et de la Lune.
La date de domestication du bétail est mal définie. Les peintures rupestres suggèrent que les moutons et les chèvres sont domestiqués avant 2000 av. J.C.18
Le mégalithisme éthiopien [modifier]
Détail d’un des monuments du champ de Stèle de Tiya
C'est dans la région du sud de l'Éthiopie que se trouve encore aujourd'hui la plus grande concentration de mégalithes de tout le continent africain19. Certaines de ces sépultures, ou dolmens, sont d'une grand ancienneté puisque certains remontent au dixième millénaire avant notre ère20. On en dénombre une centaine dans le Harar. D'autres plus récentes (premier millénaire de notre ère ) se comptent par millier (un chiffre de 10,000 est avancé) dans le Shoa et le Sidamo. Les explorateurs étrangers connaissent ces monuments depuis la fin du xixe siècle siècle (Antonio Cecchi (1878), Paul Soleillet (1882), François Azais(1920)). Les éthiopiens musulmans et chrétiens ignorent aujourd'hui leur origine.
Champ de stèles sur le site de Tiya, sud d’Addis Abeba
Il semble que l'être humain soit souvent le centre de la représentation, lorsque le monument n'est pas lui-même anthropomorphe. La taille du monument varie de 1 à 8 mètres.
On distingue ainsi selon Francis Anfray: " des stèles anthropomorphes, des stèles à épées, des stèles à figuration composite, des stèles au masque, des monolithes phalloïdes, des pierres hémisphériques ou coniques, des stèles simples sans nulle figuration"21. On sait que la plus grande partie de ces mégalithes ont une signification funéraire, vraisemblablement érigées par un peuple d'agriculteurs22.
L'une des régions les plus marquées par ce mégalithisme se trouve dans la région du Soddo, au sud d'Addis-Abeba, où quelques 160 sites archéologiques ont été découverts jusqu'à présent, celui de Tiya est l'un des plus importants. Il comprend 36 monuments, dont 32 stèles présentant une figuration sculptée faite d'épées et de symboles demeurés énigmatiques. Ces stèles témoignent d'une culture proto-historique d'Éthiopie que l'on n'a pas encore pu dater avec précision23: alors que les archéologues Azaïs et Chambard, découvreurs du site, proposent l’origine d'un culte néolithique par les ancêtres des Égyptiens24,25, une autre équipe d'archéologues français propose une datation entre le XIe et le xiiie siècle26, l'UNESCO ne proposant pas de datation officielle27. Le champ de stèle de Tiya est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.28
Un des motifs récurrent du site est un symbole "ramifié" que l'on retrouve également sur les sites du Soddo, et les monolithes phalloïdes du Sidamo, plus au sud. Ce symbolisme élaboré n'a pu être expliqué29.
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